La convocation par le pape François du Synode sur la synodalité témoigne d'une claire volonté d'irriguer la vie de l'Église du sensus fidei qui anime le peuple de Dieu. Pour François, il s'agit d'une conviction tout ignatienne : « Le peuple est sujet. Et l'Église est le peuple de Dieu cheminant dans l'histoire […]. L'ensemble des fidèles est infaillible dans le croire et il manifeste son infallibilitas in credendo à travers le sens surnaturel de la foi de tout le peuple en marche. Voilà pour moi le sentir avec l'Église dont parle saint Ignace1. » Dans cette foulée, on peut se représenter la démarche synodale comme un vaste programme d'exercices spirituels communautaires visant à discerner comment l'Esprit parle à l'Église dans le monde de ce temps. En cela, François rejoint une intuition ecclésiologique portée par le théologien jésuite Karl Rahner (1904-1984) qui affirmait, dans la mouvance du concile Vatican II, que l'on devait œuvrer à la création de nouveaux Exercices spirituels ignatiens, qui formeraient non seulement des sujets personnels mais aussi des sujets communautaires2.

La démocratisation spirituelle

C'est aussi dans ce contexte d'effervescence postconciliaire qu'est né le Centre de spiritualité Manrèse (CSM) de Québec. Sa mission – travailler au renouveau et à une saine démocratisation des Exercices et de la spiritualité ignatienne3 – a trouvé une voie d'accomplissement très féconde dans la pratique des Exercices donnés dans la vie quotidienne, en accord avec la dix-neuvième