Aussi loin que je remonte, il me semble que mon premier contact avec la télévision fut à l'occasion des funérailles de Winston Churchill. Mes parents n'avaient pas la télévision : nous allions la voir chez mes grands-parents. Il est amusant de constater que cet objet moderne par excellence a fait son entrée dans la famille où on l'attendait le moins, sous les yeux de ma grand-mère, femme du Nord, excellant à la confection de tartes et qui ne savait rien faire d'autte. A l'époque des funérailles du Vieux Lion, si mon souvenir est exact, mes grands-parents n'avaient fait que louer l'appareil — c'est ensuite qu'ils firent l'acquisition d'un poste. Il avait été jugé nécessaire que nous fussions les téléspectateurs de ce grave événement et je revois très bien dans mon souvenir la marche lente des grenadiers de part et d'autre du cercueil. Il s'agissait là d'un moment exceptionnel qui, dans l'esprit de mes parents et de mes